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Etude: les graisses trans augmentent l’inflammation chronique et le risque de maladie d’Alzheimer

Une étude indique qu'une alimentation malsaine riche en graisses trans, joue un rôle important dans le risque de déclin cognitif et de maladie d'Alzheimer

Francois Lehn

La maladie d’Alzheimer est une préoccupation croissante dans le monde, avec des chiffres prévus à plus de 150 millions de cas d’ici 2050. Les facteurs de mode de vie, notamment une alimentation malsaine riche en graisses saturées, jouent un rôle important dans le risque de déclin cognitif et de maladie d’Alzheimer. Bien que de nombreuses études aient établi ce lien, les mécanismes exacts par lesquels un régime riche en graisses saturées augmente ce risque restaient jusqu’à récemment peu compris. Cependant, de nouvelles recherches sur des modèles animaux ont permis de mieux cerner ces processus moléculaires, ouvrant la voie à de nouvelles pistes de prévention et de traitement de cette maladie dévastatrice.

Le lien entre l’alimentation et la maladie d’Alzheimer

Les facteurs de mode de vie, tels qu’un manque d’exercice, une alimentation malsaine, le tabagisme et la consommation d’alcool, sont reconnus pour accroître les risques de déclin cognitif et de maladie d’Alzheimer. En particulier, plusieurs études ont montré qu’une forte consommation de graisses saturées constitue un facteur de risque majeur pour la maladie d’Alzheimer.

L’obésité, souvent liée à un régime riche en graisses, est associée à un risque accru de développer un diabète de type 2, une hypertension et des troubles vasculaires, tous ces éléments pouvant à leur tour augmenter les risques de maladie d’Alzheimer chez les personnes âgées. L’alimentation jouerait donc un rôle essentiel dans la santé cérébrale et le risque de développer la maladie d’Alzheimer plus tard dans la vie.
Étude sur les effets d’un régime riche en graisses chez la souris

Une nouvelle étude menée sur des modèles de souris transgéniques développant des caractéristiques de la maladie d’Alzheimer a permis de mieux comprendre les mécanismes moléculaires par lesquels un régime riche en graisses saturées pourrait accroître le risque de cette maladie.

Les chercheurs ont réparti aléatoirement les souris âgées de 21 jours entre un régime alimentaire normal et un régime contenant 60% de graisses (régime riche en graisses). Après 6 mois, les résultats ont montré que les souris sous régime riche en graisses avaient pris davantage de poids et présentaient une moins bonne tolérance au glucose et à l’insuline que les souris sous régime normal.
L’analyse de l’ARN (acide ribonucléique) prélevé dans le sérum, le cortex et l’hippocampe de ces souris a révélé que le régime riche en graisses avait entraîné des modifications de certains miARN (micro-ARN), des molécules impliquées dans la régulation de l’expression des gènes. Ces changements sont liés à des processus pouvant causer des dommages cérébraux, comme l’accumulation de plaques bêta-amyloïdes et la production excessive de protéine tau, deux marqueurs caractéristiques de la maladie d’Alzheimer, ainsi qu’à une inflammation cérébrale accrue.

Impact des miARN sur la progression de la neurodégénérescence

Selon les chercheurs, ces résultats « soutiennent un rôle actif de ces miARN dans la progression de la neurodégénérescence aggravée par le déséquilibre métabolique produit par la consommation d’un régime riche en graisses ».
Ces découvertes jettent un peu de lumière sur la façon dont un régime riche en graisses peut affecter les miARN liés à la résistance à l’insuline, qui aident à déterminer quels gènes sont ‘éteints’ ou ‘allumés’, y compris dans les zones du cerveau liées à la mémoire et à la cognition.

Limiter les graisses saturées pour réduire les risques ?

Ces résultats sont un pas en avant dans notre compréhension de cette maladie et peuvent expliquer le lien entre l’obésité, le diabète de type 2 et l’apparition de la maladie d’Alzheimer. Ils offrent également de nouvelles cibles pour une éventuelle prévention et un traitement de la maladie.

Cependant, les résultats obtenus chez la souris ne se traduisent pas nécessairement de la même manière chez l’être humain. Des études complémentaires sur des populations représentatives seront nécessaires pour valider pleinement ces hypothèses.

Néanmoins, plusieurs études ont déjà montré que des régimes alimentaires bénéfiques pour la santé, comme le régime méditerranéen, le régime DASH ou le régime MIND, pourraient aider à réduire le risque de maladie d’Alzheimer. Cette nouvelle étude apporte donc des preuves supplémentaires qu’une limitation de l’apport en graisses, notamment saturées, pourrait s’avérer bénéfique pour la fonction cognitive, bien que davantage de recherches soient encore nécessaires.

L’importance des études sur les populations humaines

Bien que les modèles animaux de la maladie d’Alzheimer présentent certaines similitudes avec la progression de la maladie chez l’homme, ils ne la reproduisent pas exactement. Des études sur des populations humaines représentatives sont essentielles pour valider pleinement ces hypothèses.

Vers une prévention et un traitement plus efficaces

Les résultats de cette étude chez la souris constituent une avancée importante dans la compréhension des liens entre l’alimentation, le métabolisme et la maladie d’Alzheimer. Ils ouvrent de nouvelles pistes pour la prévention et le traitement de cette maladie dévastatrice, en mettant l’accent sur l’importance d’une alimentation équilibrée, faible en graisses saturées.

Bien que des études complémentaires chez l’homme soient encore nécessaires, ces découvertes soulignent l’intérêt potentiel d’une approche nutritionnelle dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer. Une meilleure compréhension des mécanismes moléculaires en jeu permettra sans doute de développer des interventions plus ciblées et efficaces pour prévenir ou ralentir le déclin cognitif lié à cette maladie.

Le rôle des graisses trans

En plus des graisses saturées, les graisses trans sont également reconnues pour leur impact néfaste sur la santé, notamment en ce qui concerne les maladies cardiovasculaires. Certaines études suggèrent que les graisses trans pourraient également jouer un rôle dans le développement de la maladie d’Alzheimer.
En effet, les graisses trans peuvent entraîner une inflammation chronique et une résistance à l’insuline, deux facteurs étroitement liés à la pathogenèse de la maladie d’Alzheimer. De plus, elles peuvent perturber la structure et le fonctionnement des membranes cellulaires, ce qui pourrait nuire à l’intégrité et à la fonction du système nerveux central.

Bien que les mécanismes exacts reliant les graisses trans à la maladie d’Alzheimer ne soient pas encore complètement élucidés, il semble prudent de limiter autant que possible la consommation de ce type de graisses dans le cadre d’une alimentation saine et équilibrée visant à préserver la santé cognitive à long terme.

L’impact des régimes alimentaires bénéfiques

À l’inverse, de nombreuses études ont montré que certains régimes alimentaires, tels que le régime méditerranéen, le régime DASH et le régime MIND, pourraient aider à réduire le risque de maladie d’Alzheimer et de déclin cognitif. Ces régimes, riches en fruits, légumes, légumineuses, céréales complètes et poissons gras, sont généralement faibles en graisses saturées et en graisses trans. Ils mettent l’accent sur des aliments aux propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes, qui pourraient contribuer à préserver la santé du cerveau.
De plus, ces régimes favorisent un bon contrôle du poids et de la glycémie, deux éléments essentiels pour réduire les risques de développer la maladie d’Alzheimer. Ils pourraient donc représenter une approche prometteuse pour prévenir ou retarder l’apparition de cette maladie.

L’importance de la recherche sur les populations à risque

Bien que les modèles animaux soient très utiles pour étudier les mécanismes biologiques de la maladie d’Alzheimer, il est essentiel de mener des études sur des populations humaines représentatives afin de valider pleinement les hypothèses issues de ces travaux.

En particulier, il sera important d’examiner l’impact d’un régime riche en graisses saturées chez les personnes déjà atteintes ou à risque élevé de développer la maladie d’Alzheimer, comme les personnes âgées, les personnes en surpoids ou obèses, ou celles souffrant de diabète de type 2. Ces recherches permettront de mieux comprendre les effets concrets d’un tel régime alimentaire sur la cognition, la neuro-inflammation et les marqueurs de la maladie d’Alzheimer chez l’homme. Elles pourront également guider le développement de stratégies nutritionnelles visant à prévenir ou ralentir la progression de cette maladie dévastatrice.

Vers une approche globale de la prévention

La maladie d’Alzheimer représente un défi majeur de santé publique à l’échelle mondiale. Bien que les causes de cette maladie soient multifactorielles, les résultats de cette étude chez la souris soulignent l’importance cruciale de l’alimentation, et plus particulièrement de la limitation des graisses saturées, dans la prévention du déclin cognitif et de la maladie d’Alzheimer. En complément des autres facteurs de mode de vie, tels que l’exercice physique régulier et le contrôle du poids, une approche nutritionnelle ciblée pourrait s’avérer bénéfique pour préserver la santé cérébrale et réduire les risques de développer cette maladie dévastatrice. Des études complémentaires chez l’homme permettront sans aucun doute de mieux comprendre et d’exploiter ce levier prometteur dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer.

 

 

 

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