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Etude: Les 2 types de morphologie qui présentent un risque accru de cancer colorectal

Selon cette étude, les personnes présentant deux types spécifiques de morphologie ont un risque plus élevé de développer un cancer colorectal.

Francois Lehn

Le cancer colorectal est l’une des formes les plus courantes de cancer dans le monde. Il existe de nombreux facteurs de risque associés à cette maladie, y compris des facteurs génétiques, environnementaux et comportementaux. Cependant, une nouvelle étude suggère que la morphologie du corps peut également jouer un rôle dans le développement du cancer colorectal. Selon cette étude, les personnes présentant deux types spécifiques de morphologie ont un risque plus élevé de développer un cancer colorectal.

Le lien entre la morphologie et le cancer colorectal

Des études antérieures ont déjà établi un lien entre la taille et l’accumulation de graisse autour de la taille. Par exemple, une étude publiée en 2022 a révélé que les personnes d’ascendance européenne qui sont grandes et obèses au niveau central, ainsi que les personnes obèses en général, ont un risque plus élevé de développer un cancer colorectal. Cependant, une nouvelle recherche suggère que ce lien existe également chez différentes populations ancestrales.

Une équipe internationale de chercheurs a analysé les données de santé de 329 828 participants au Biobanque du Royaume-Uni, issus de différentes ascendencies, notamment caucasiennes, africaines, asiatiques et/ou chinoises. Les résultats de cette étude, publiée dans Science Advances, ont montré que le lien entre la morphologie du corps et le cancer colorectal existe dans toutes ces populations.

Les quatre groupes de morphologie

Les chercheurs ont divisé les participants en quatre groupes en fonction de leur morphologie, telle que définie par la taille et la répartition de la graisse. Les mesures utilisées comprenaient l‘indice de masse corporelle (IMC), la taille, le poids, le rapport taille-hanche et les mesures de la taille et des hanches. Les quatre groupes étaient les suivants :

Groupe PC1 : obèse en général
Groupe PC2 : grand, mais avec une répartition plus uniforme de la masse graisseuse
Groupe PC3 : grand, obèse au niveau central
Groupe PC4 : petite taille, poids élevé, IMC élevé, mais mesures des hanches et de la taille inférieures

Les résultats de l’étude ont montré que les individus du groupe PC1 présentaient un risque de cancer colorectal 10 % plus élevé dans cette cohorte, tandis que ceux du groupe PC3 présentaient un risque 12 % plus élevé, ce qui est monté à 18 % pour les femmes. Les deux autres groupes présentaient une augmentation plus faible, mais non significative, de leur risque de cancer.

L’accumulation de graisse autour de la taille et le risque de cancer colorectal

Les chercheurs ont également constaté que l’accumulation de graisse autour du milieu du corps, ou autour de l’abdomen, était associée à un risque plus élevé de cancer colorectal. Cette association a été observée chez les personnes d’ascendance caucasienne, africaine, asiatique et/ou chinoise.

Selon Heinz Freisling, co-auteur de l’étude et scientifique de l’Agence internationale de recherche sur le cancer à Lyon, en France, les indicateurs couramment utilisés de l’adiposité corporelle, tels que l’IMC ou la circonférence de la taille, sous-estiment le risque de cancer en raison du poids non sain. Il explique que ces indicateurs regroupent des individus ayant un IMC similaire, mais une morphologie corporelle différente, dans la même catégorie, alors que nous savons que des personnes ayant le même IMC peuvent présenter un risque de cancer très différent.

Différentes enrichissements génétiques dans différents types de morphologie

Une étude d’association pangénomique a ensuite été réalisée en utilisant des données génomiques sur 460 198 participants de la Biobanque du Royaume-Uni. Les chercheurs ont identifié 3 414 variants génétiques associés à la morphologie du corps. Ces variants ont été trouvés à être exprimés différemment dans différents tissus selon les quatre catégories de morphologie créées par les chercheurs.

Par exemple, les personnes ayant des variants génétiques associés à la morphologie du groupe PC1 présentaient une expression accrue dans les tissus du cerveau et de l’hypophyse, tandis que celles associées à la morphologie du groupe PC3 présentaient une expression génétique accrue dans les tissus adipeux, mammaires, nerveux, vasculaires et les organes reproducteurs féminins.

La taille et le risque de cancer

Il existe des preuves solides d’un effet général de la taille sur le risque de cancer. Notamment une analyse montrant que l’augmentation de 10 % du risque de cancer par tranche de 10 cm de taille supplémentaire chez les humains est due à un plus grand nombre de cellules dans le corps des personnes plus grandes en raison de leur taille plus grande.

Les auteurs de l’étude suggèrent dans leur discussion que le rôle de la taille dans le risque de cancer a été surestimé dans des recherches antérieures qui n’ont pas pris en compte le rapport taille-hauteur, et donc, l’adiposité centrale. Cependant, le calcul de la masse maigre aurait été utile pour tester l’hypothèse du nombre de cellules, qui est considérée comme à la base du lien entre la taille et l’augmentation du risque de cancer.

A retenir

Cette nouvelle étude suggère que deux types spécifiques de morphologie, caractérisés par l’obésité générale et l’obésité centrale, sont associés à un risque accru de cancer colorectal. L’accumulation de graisse autour de la taille semble jouer un rôle clé dans ce lien, indépendamment de l’ascendance ethnique. Cependant, d’autres recherches sont nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents à cette association et pour identifier les gènes impliqués.

Il est important de noter que la morphologie du corps n’est qu’un facteur parmi de nombreux autres facteurs de risque de cancer colorectal, tels que l’âge, les antécédents familiaux, les habitudes alimentaires et le mode de vie global. Il est donc essentiel de consulter régulièrement un professionnel de la santé et de participer à des programmes de dépistage appropriés pour le cancer colorectal, quelles que soient votre morphologie et votre ascendance ethnique.

N’oubliez pas que la prévention et la détection précoce sont les clés pour lutter contre le cancer colorectal et préserver votre santé.

 

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